
Après Marrakech, la Caravane de la Fibre Optique d'inwi a posé ses valises à Casablanca, réunissant l'ensemble des acteurs du bâtiment, des télécommunications et de l'ingénierie autour d'un enjeu national : faire du très haut débit un pilier de développement durable et d'inclusion numérique. Cette deuxième étape de la tournée illustre la volonté de l'opérateur de généraliser la connectivité fixe sur tout le territoire, en accélérant le rythme du déploiement.
Azeddine El Mountassir Billah, président directeur général d'inwi, a rappelé que la fibre représente aujourd'hui une infrastructure stratégique, aussi essentielle que l'électricité ou l'eau courante, pour accompagner la croissance économique et la compétitivité du pays. L'entreprise prévoit de raccorder trois millions de nouveaux foyers dans les cinq prochaines années, dans la continuité des 4,2 milliards de dirhams déjà investis dans les infrastructures passives. À l'échelle nationale, ce sont près de huit milliards de dirhams par an qui sont consacrés à la modernisation du réseau et à la réduction de la dépendance à l'Internet mobile, encore majoritaire.
Sur le plan immobilier, la fibre est désormais perçue comme un facteur déterminant de valeur et d'attractivité. À Casablanca notamment, les jeunes actifs privilégient les logements déjà raccordés, une tendance confirmée par Mustapha Allali, vice-président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers. Il souligne la nécessité d'intégrer la fibre dès la conception des projets, y compris dans le logement social, afin d'éviter qu'une fracture numérique ne se transforme en fracture sociale. Les quartiers bien connectés gagnent en valeur, tandis que les autres peinent à suivre la dynamique du marché.
Malgré un cadre juridique existant, notamment la loi 121.12 qui garantit aux promoteurs la liberté de choisir leur opérateur, les démarches administratives demeurent longues et inégales selon les communes. Pour Jihade El Amrani, directeur du pôle Aménagement et Environnement chez Novec, une harmonisation des procédures et une standardisation technique sont indispensables pour fluidifier les chantiers et éviter les retards dans la réception des projets.
Les architectes plaident également pour une approche plus intégrée. Selon Karim Sbai, président du Conseil régional de l'Ordre des architectes du Centre, la fibre est trop souvent installée en fin de chantier, alors qu'elle devrait être prévue dès la phase de conception. Il salue à ce titre la convention signée entre inwi et le Conseil de l'Ordre, qui vise à renforcer la formation technique et à sensibiliser les jeunes praticiens à la connectivité des bâtiments. Une autre convention, conclue avec Capset Group, vient renforcer cette dynamique en créant des cadres de collaboration entre les différents acteurs du secteur.
A l'horizon de la Coupe du Monde 2030, la fibre optique s'impose comme un levier stratégique de modernisation nationale. Les grands chantiers liés aux stades, aux infrastructures et aux pôles urbains nécessitent une connectivité très haut débit à la hauteur des ambitions du Royaume. Aujourd'hui, près de six millions de ménages sont déjà éligibles à une connexion fixe, un chiffre appelé à croître rapidement grâce à l'adoption de nouvelles technologies de déploiement comme les micro-tubes et chambres allégées, qui permettent de réduire de près de 40 % les coûts d'installation par rapport aux anciens réseaux en cuivre.
Commentaires
Enregistrer un commentaire