
A la veille du lancement officiel de la 5G, le Maroc s'apprête à franchir une étape majeure dans sa transformation numérique. Estimé à plus de 80 milliards de dirhams d'investissements sur la période 2025-2035, le déploiement de cette technologie s'annonce comme l'un des chantiers technologiques les plus ambitieux de la décennie.
Selon le cadre stratégique adopté par l'ANRT (Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications) et validé par le chef du gouvernement, cette transition dépasse le simple gain de débit. Elle marque l'entrée dans une nouvelle ère industrielle où la connectivité ultra-rapide, la virtualisation des réseaux et l'Internet des objets (IoT) redéfiniront les modèles économiques.
Les grands équipementiers mondiaux se positionnent déjà pour accompagner cette mutation. Huawei, Nokia et Ericsson ont chacun sécurisé des contrats au Maroc et participent activement à la mise en place des infrastructures nécessaires.
Précurseur sur le marché, Huawei revendique une longueur d'avance grâce à ses partenariats historiques avec Maroc Telecom, Orange Maroc et Inwi. Le groupe chinois, déjà présent sur plus de la moitié des infrastructures télécoms du pays, se dit « 5G Ready » après avoir validé avec succès l'ensemble des tests techniques. Il mise également sur la formation des ingénieurs, développeurs et start-ups pour ancrer les compétences locales et renforcer la position du Royaume comme pôle africain de la 5G.
Nokia poursuit une stratégie complémentaire, axée sur la modernisation des réseaux et l'appui aux politiques publiques. L'entreprise finlandaise a signé plusieurs protocoles d'accord avec le ministère de la Transition numérique pour soutenir la stratégie Maroc Digital 2030. Elle collabore notamment avec Orange Maroc et a inauguré à Salé un centre d'innovation dédié à la formation et au développement de solutions technologiques adaptées aux besoins du marché local.
De son côté, Ericsson concentre ses efforts sur la préparation du passage à la 5G Standalone (SA). En partenariat avec plusieurs opérateurs, le groupe suédois introduit des solutions avancées telles que le Dual Mode 5G Core et la Cloud Native Infrastructure, indispensables à la mise en place du network slicing, à la réduction de la latence et au déploiement de services IoT critiques.
Le succès de la 5G dépendra d'une gestion optimisée du spectre radio. L'ANRT a identifié plusieurs bandes prioritaires: la 700 MHz pour assurer la couverture des grands axes, la 3,5 GHz pour renforcer la capacité en zones denses, et la 2,1 GHz pour des usages complémentaires.
Dans un premier temps, les opérateurs activeront la 5G en mode Non-Standalone (NSA), reposant sur les cœurs de réseaux existants afin d'accélérer la mise en service. La transition vers la 5G SA, plus complète mais plus complexe, ciblera d'abord les réseaux privés, notamment dans les ports, aéroports, usines, plateformes logistiques et sites industriels du groupe OCP. Ces environnements permettront de tester des applications critiques comme la maintenance prédictive, la robotique ou la vidéo analytique.
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