L'actualité des TIC au Maroc et ailleurs

Pour comprendre cette révolution, il faut imaginer le parcours d'un fil de fibre optique comme un trajet en 2 étapes bien distinctes. Le point central de cette nouvelle organisation, c'est le Point de Mutualisation (sous forme d'armoire métallique que vous croisez souvent au coin de la rue). La décision de l'ANRT impose désormais que tout opérateur qui a posé des câbles dans un immeuble, qu'il s'agisse d'Orange Maroc, d'inwi ou de Maroc Telecom, doit ouvrir ce PM à ses concurrents. Par exemple, vous habitez dans un immeuble neuf où Maroc Telecom a déjà installé la fibre dans l'immeuble et Orange Maroc arrive ensuite mais ses câbles s'arrêtent sur le trottoir. Avec le partage passif, il peut se brancher sur le PM de Maroc Telecom et louer juste le petit fil qui monte jusqu'à votre salon. C'est ce qu'on appelle l'accès à la ligne terminale.

Pour que ça marche, il ne suffit pas de se brancher mais aussi de pouvoir contrôler le signal. Cela peut être fait grâce au Splitter (ou coupleur). D'ailleurs, le locataire a le droit de poser ce composant directement dans l'armoire. C'est ce qui lui garantit une indépendance totale. Dans un tel cas, et au lieu de demander à l'opérateur propriétaire d'activer la ligne pour lui, le concurrent branche sa propre fibre sur son propre splitter et devient ainsi maître de la connexion de bout en bout, comme si c'est lui même qui l'avait construit.

 Toutefois, le fait de se brancher à l'immeuble ne sert à rien si on n'est pas relié au reste du monde. C'est là que l'offre devient vraiment intéressante pour les zones isolées. Si l'un des 3 opérateurs ne dispose pas de son propre réseau dans le quartier, il peut tout simplement choisir l'option "Transport". C'est à dire louer une fibre noire qui part du PM pour remonter jusqu'au grand central technique de la ville ( le Nœud de Raccordement Optique). C'est là que ça devient intéressant avec l'utilisation des chambres de tirage pour passer la fibre au lieu de devoir casser les trottoirs et creuser l'asphalte sur des kilomètres. 

Tout ceci parait parfait sur le papier mais il y a toujours un obstacle, c'est l'addition finale qui peut être salée. Même si l'ANRT a obtenu une baisse des tarifs allant jusqu'à 70% pour certaines offres, le modèle de la location perpétuelle reste lourd à porter pour les opérateurs. Si le coût cumulé de tous ces loyers se rapproche trop du prix de votre abonnement mensuel, la marge de l'opérateur disparaît et le partage ne serait plus rentable dans un tel cas. Cela pourrait conduire les opérateurs à n'activer ce partage que dans les quartiers riches et denses, laissant les autres zones attendre que la rentabilité soit au rendez-vous.

Le partage passif marque ainsi la fin du monopole technique. La véritable bataille se jouera désormais sur la calculette des directeurs financiers. Quant au consommateur, l'espoir est que cette concurrence ne se traduise pas uniquement par une guerre des prix, mais par une amélioration de la couverture ainsi que de la qualité de service.